Quelle chemise?
Un an ce jour que tu as été mis sous terre... Un an que je t'ai vu physiquement pour la dernière fois, la fameuse mise en bière comme on dit! Avant ça, je ne savais pas trop ce que c'était, expression surprenante qui correspond à quoi dans le fond? Jusqu'à aujourd'hui je ne m'étais pas vraiment posée la question...je ne sais même pas si je vais chercher à savoir finalement, je m'en fous un peu on va dire. Pour moi ça correspond surtout à toi, que j'ai vu pour la dernière fois. Il n'y a rien d'obligatoire, y va qui veut, qui se sent...Moi je voulais y aller, te voir une dernière fois.
On m'avait prévenue du choc mais je te devais bien ça Papa, je n'étais pas là à l'hôpital...
Bizarrement, c'est pas cette image qui m'a le plus traumatisée cette année. Certains me disent que dix ans après, ils sont encore hantés par ce genre de visions. Moi, jusqu'à aujourd'hui, j'avais réussi à zapper, sûrement une façon de se protéger inconsciemment...
Je viens de voir un reportage où on parlait des maquilleurs...LES maquilleurs! Dur métier où le monsieur interviewé expliquait qu'il devait se détacher un maximum afin de ne pas être trop atteint quotidiennement. Qu'il devait rendre la personne décédée belle mais pas "trop" afin que la famille n'idéalise pas trop le défunt, ce qui, selon lui, rendrait la peine encore plus insurmontable. Connerie! A-t-il au moins déjà vécu ce genre d'épreuve pour sortir des conneries pareilles!
Et là je t'ai revu toi, dans cette pièce toute froide, dans ton...cercueil, allongé sur un fin drap satiné, ta tête posée sur un petit coussin assorti.
Pourquoi n'ai-je pas demandé à ce qu'on y ajoute une couverture? Tu devais avoir tellement froid, tu étais devenu très frileux les derniers temps..
Avec Maman, il a fallu gérer un tas de trucs. Les faire-part, le choix du cercueil, les fleurs, les textes, les vêtements que tu allais porter etc... Pleins de choses autant insurmontables les unes que les autres!
C'était il y a à peine un an mais là, tout de suite, même si ça peut paraître insignifiant, il y a quelques flous sur nos "choix" de ta tenue. Maman voulais que tu gardes ton alliance et tes lunettes, on a choisi ton costume bleu mais quelle chemise portais-tu? La rose, la rouge ou la jaune? C'est la dernière image que j'ai de toi et je ne suis même pas foutu de me rappeler ce que tu portais exactement!
Pourquoi est-ce que je m'attache à ce genre de détails? Pourquoi est-ce que, un an après, je n'ai toujours pas effacé ton numéro de mon portable? Je n'envisage même pas, à un moment donné, faire un tri dans tes affaires? Je n'arrive pas à visionner toutes les vidéos de famille? A relire les lettres que tu m'avais écrites? A regarder les vieux albums photos? Écouter certaines musiques? Et là, dernièrement, pourquoi j'en veux tellement à Maman de vouloir se débarrasser de TON fauteuil parce qu'il a été abîmé par le chat, dernier venu chez nous et s'est servie de ce meuble, bien particulier à mes yeux, comme d'un griffoire? Et surtout, pourquoi je n'arrive pas à lui parler de tout ça à Maman? Elle a tellement de peine elle aussi et je ne sais pas comment faire pour apaiser cela. Alors si elle a envie de changement dans la maison, si ça peut, d'une manière ou d'une autre lui faire un peu de bien, il serait bien égoïste de ma part de l'en empêcher. Après tout, je ne vis plus là depuis longtemps maintenant...
On m'avait prévenue du choc mais je te devais bien ça Papa, je n'étais pas là à l'hôpital...
Bizarrement, c'est pas cette image qui m'a le plus traumatisée cette année. Certains me disent que dix ans après, ils sont encore hantés par ce genre de visions. Moi, jusqu'à aujourd'hui, j'avais réussi à zapper, sûrement une façon de se protéger inconsciemment...
Je viens de voir un reportage où on parlait des maquilleurs...LES maquilleurs! Dur métier où le monsieur interviewé expliquait qu'il devait se détacher un maximum afin de ne pas être trop atteint quotidiennement. Qu'il devait rendre la personne décédée belle mais pas "trop" afin que la famille n'idéalise pas trop le défunt, ce qui, selon lui, rendrait la peine encore plus insurmontable. Connerie! A-t-il au moins déjà vécu ce genre d'épreuve pour sortir des conneries pareilles!
Et là je t'ai revu toi, dans cette pièce toute froide, dans ton...cercueil, allongé sur un fin drap satiné, ta tête posée sur un petit coussin assorti.
Pourquoi n'ai-je pas demandé à ce qu'on y ajoute une couverture? Tu devais avoir tellement froid, tu étais devenu très frileux les derniers temps..
Avec Maman, il a fallu gérer un tas de trucs. Les faire-part, le choix du cercueil, les fleurs, les textes, les vêtements que tu allais porter etc... Pleins de choses autant insurmontables les unes que les autres!
C'était il y a à peine un an mais là, tout de suite, même si ça peut paraître insignifiant, il y a quelques flous sur nos "choix" de ta tenue. Maman voulais que tu gardes ton alliance et tes lunettes, on a choisi ton costume bleu mais quelle chemise portais-tu? La rose, la rouge ou la jaune? C'est la dernière image que j'ai de toi et je ne suis même pas foutu de me rappeler ce que tu portais exactement!
Pourquoi est-ce que je m'attache à ce genre de détails? Pourquoi est-ce que, un an après, je n'ai toujours pas effacé ton numéro de mon portable? Je n'envisage même pas, à un moment donné, faire un tri dans tes affaires? Je n'arrive pas à visionner toutes les vidéos de famille? A relire les lettres que tu m'avais écrites? A regarder les vieux albums photos? Écouter certaines musiques? Et là, dernièrement, pourquoi j'en veux tellement à Maman de vouloir se débarrasser de TON fauteuil parce qu'il a été abîmé par le chat, dernier venu chez nous et s'est servie de ce meuble, bien particulier à mes yeux, comme d'un griffoire? Et surtout, pourquoi je n'arrive pas à lui parler de tout ça à Maman? Elle a tellement de peine elle aussi et je ne sais pas comment faire pour apaiser cela. Alors si elle a envie de changement dans la maison, si ça peut, d'une manière ou d'une autre lui faire un peu de bien, il serait bien égoïste de ma part de l'en empêcher. Après tout, je ne vis plus là depuis longtemps maintenant...